21eme Festival

C’est sous un ciel constellé d’étoiles que s’est clôturé, mercredi 21 juillet, la 21ème édition du Festival Beckett à l’écomusée de l’ocre de Roussillon. Ce soir là, ils étaient plus de quatre-vingt à applaudir Anne Girouard, Vincent Debost et Luc Tremblais à l’issue de la représentation du spectacle de clôture Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser quelque chose de Pierre Bénézit. Spectacle au titre ô combien beckettien[1] qui achevait une édition harmonieuse mêlant amour, réminiscences et retrouvailles. Avant cela, les Roussillonnaises, Roussillonnais et spectateurs venant des alentours avaient pu assister à deux très belles lectures : La plus précieuse des Marchandises de Jean-Claude Grumberg par Olga Grumberg (accompagné par la musique de Jean-Pierre Petit), le lundi 19 juillet, et Premier Amour par Dominique Valadié en exclusivité pour le Festival Beckett, le mardi. Mais disons-le, c’est avant tout sous l’égide lointaine de Jacques Frantz (qui nous a quittés en mars dernier) que la 21ème édition du Festival a débuté le dimanche 18 juillet, avec un Hommage célébrant sa mémoire. Tout comme Henri Vart, Jacques Frantz avait beaucoup œuvré pour mettre en avant l’œuvre romanesque de Samuel Beckett et cette édition n’aurait pas eu de sens si elle n’avait pas démarré avec un hommage à ce grand homme de théâtre, de télévision et de cinéma, membre et ami du Festival, dont il avait repris la direction artistique aux côtés de Stéphane Valensi après la disparition d’Henri Vart en 2016. Ainsi, ce soir là, dans la cour de l’écomusée de l’ocre-ôkhra, sous un ciel bleu radieux, ont pris place, Valia Boulay, Marjorie Frantz (fille de l’acteur), Serge Valletti, Stéphane Valensi (directeur artistique du festival) et Marion Loran Vart (présidente de l’association), tandis que les gradins finissaient de se garnir. Au programme des extraits des œuvres de Samuel Beckett, avec notamment les relations désopilantes et rapports exagérément compliqués qu’entretiennent Mrs. Gorman et Watt, dans le roman du même nom,  écrit entre 1941 et 1944, en grande partie à Roussillon, lu par Stéphane Valensi, mais aussi les pérégrinations de Murphy (autre roman du même nom), que l’on suit au fil de la lecture faite par Marion Loran Vart, flânant oisivement dans Hyde Park, comme pouvait le faire Beckett dans les rues de Montparnasse, et disséquant chaque instant de la vie ordinaire avec une saugrenue délectation, ainsi qu’un extrait de Molloy lu par Valia Boulay et un dialogue à deux voix, tiré de Tous ceux qui tombent, entre Madame Rooney et Mademoiselle Fleet, incarnées par Marion Loran Vart et Valia Boulay. À ces écrits de Beckett se rajoutent une lecture du Rhinocéros et sa peau, tiré des Histoires comme ça d’un autre prix Nobel des îles Britanniques, Rudyard Kipling, un extrait de La Tempête de William Shakespeare, tous deux lus par Marjorie Frantz, et un extrait du texte de Serge Valletti Loin de Vitry, lu par lui-même. Cette soirée chaleureuse d’Hommage à Jacques Frantz s’est terminée tard dans la nuit, autour d’un superbe buffet offert par Gisèle Bonnelly, maire de Roussillon et petite fille de Berthe  Bonnelly qui accueillit le futur prix Nobel de littérature de 1942 à 1945. La 21ème édition du Festival a été particulièrement appréciée par les nombreux spectateurs, dont beaucoup de fidèles, adhérents ou non à l’Association,  qui assistent chaque année,  avec émotion, aux spectacles de qualité que leur propose l’Association. Le 22ème Festival, prévu du 15 au 18 juillet 2022,   commémorera  particulièrement l’arrivée de Beckett à Roussillon, en 1942. [1] (« Ce n’est pas le pire, de penser, ce qui est terrible, c’est d’avoir pensé », comme le dit Vladimir dans En attendant Godot). Le 21ème Festival a  bénéficié du soutien de la Mairie de Roussillon,  de la Communauté de communes Pays d’Apt Lubéron, et du soutien de Saint-Gobain research Provence.   Affiche La Maison Samuel Beckett
présente les 19, 20 et 21 juillet 2021
à ôkhra – Écomusée de l’ocre de Roussillon
le 21ème Festival Beckett Gradins du festival 2019 Dimanche  18 juillet à 18h Hommage à Jacques Frantz Document Aperçu-1   Jacques Frantz vient de nous quitter.
Pendant des années, durant le festival, ce grand acteur nous a éblouis en lisant des extraits de l’œuvre romanesque de Samuel Beckett.
Il nous a ouvert, avec bonheur, les portes de son univers.
Cet été, La Maison Samuel Beckett lui rend un hommage.
Vous y êtes conviés.   Lundi 19 juillet à 20h La Plus Précieuse des Marchandises
de Jean-Claude Grumberg
Lecture par Olga Grumberg
Son Jean-Pierre Petit
Document Aperçu-2

Il était une fois dans un grand bois, un couple de bûcherons sans enfant. La faim y régnait toute l’année, et la guerre mondiale sévissait tout autour. Chaque jour, la bûcheronne voyait passer un train, ignorant ce qu’il transportait. Elle espérait qu’un jour, quelque chose de merveilleux lui arriverait de ce train. Elle est exaucée le jour où elle ramasse un paquet balancé du wagon, une petite fille de la tribu des « sans cœur », de ceux qui « voyagent gratos en trains spéciaux ». L’enfant deviendra pour le couple, « la plus précieuse des marchandises ».

Un conte merveilleux où se côtoient l’horreur et la joie. Un conte sur la mort, la survie et l’amour par « l’auteur tragique le plus drôle de sa génération » comme le qualifiait Claude Roy.

 « Un journaliste ou historien avait déclaré à la radio, je ne sais plus quand exactement, que dans 300 ans, on ne saurait peut-être plus rien de cette période, qu’il ne resterait plus rien de « ça » – sauf ce livre, que ce livre resterait.
Je ne sais plus si c’est mon père ou ma mère qui m’avait rapporté, un peu fébrile et ému, abasourdi, cette puissante prophétie.
C’est vrai, le « Il était une fois » marche aussi pour cette « fois » là.
En attendant, je ne me souviens pas – enfant – que mon père me lisait des contes, nous en inventions un ensemble : « Les histoires de puce coquette. » Ma mère me lisait une histoire de tracteur, « le tracteur Max. »
Ma fille est peut-être un peu trop jeune pour entendre « La plus précieuse des marchandises » et je n’ai aucune idée de comment seront les enfants (jeunes et vieux) dans trois-cent ans, je sais juste que je suis bien heureuse et fière de vous le faire entendre, à vous, maintenant. » Olga Grumberg

« Voilà la seule chose qui mérite d’exister dans les histoires comme dans la vraie vie. L’amour, l’amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L’amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n’existe pas, l’amour qui fait que la vie continue. » Jean-Claude Grumberg

« Avec ce miracle de beauté, de force et de simplicité, Jean-Claude Grumberg nous offre un classique instantané. » Le Canard enchaîné

La Plus Précieuse des Marchandises est paru en 2019 aux éditions du SEUIL- LA LIBRAIRIE DU XXIe siècle.

Mardi 20 juillet à 19h30 Carte blanche à Dominique Valadié Lecture de Premier Amour de Samuel Beckett Lauréate du Molière de la comédienne en 1991 pour son rôle dans La Dame de chez Maxim, Dominique Valadié, comédienne d’exception, aussi magistrale dans la comédie que dans la tragédie, peut faire rire ou émouvoir aux larmes. Maniant avec talent les différents registres, elle s’est distinguée particulièrement sous la direction d’Antoine Vitez et d’Alain Françon. Dominique Valadié lira Premier Amour, une nouvelle écrite par Samuel Beckett en français, en 1946, texte resté inédit jusqu’à ce que Jérôme Lindon obtienne de l’écrivain, après son Prix Nobel, le droit de le publier en 1970 aux Éditions de Minuit. L’histoire d’un homme à la rue, après la mort de son père, le narrateur se rappelle les souvenirs de sa vingt-cinquième année, et livre les interrogations et ressentis de sa rencontre avec Anne-Lulu, un premier amour, qui devient vision de l’amour en général. La nouvelle préfigure l’humour ravageur et le questionnement existentiel qui caractérisera toute l’œuvre théâtrale de Beckett. Ce matin, vendredi 7 mai 2021,
J’ai tout relu.
J’étais bien chaussée je n’ai pas lâché sa main.
J’ai ri
Beaucoup…
Je me demande, ses chaussures à Lui…
Il ne fatigue jamais, il marche au même rythme tout du long.
Quand on arrive c’est le bleu et haut c’est pas froid c’est frais.
Peut-être dans le ciel un oiseau plane. Là où on arrive il y a des chevaux sauvages. Il y a aussi une source. Des ruisseaux, « plein », qui courent et qui chantent et là une truite. On la touche pas.
Chaque vivant est seul.
Seul ensemble.

Dominique Valadié
Mercredi 21 juillet à 21h15 Penser qu’on ne pense à rien
c’est déjà penser quelque chose
Texte et mise en scène de Pierre Bénézit,
Avec Anne Girouard, Vincent Debost et Luc Tremblais Affiche copie Une comédie douce amère, à la fois loufoque et sérieuse. Et si à notre époque, tout avait déjà été dit ? Paulbert et Gérald pensent que de nos jours tout a déjà été dit, que toutes les discussions possibles ont déjà été tenues… alors ils tentent d’inventer des conversations originales et de les vendre, dans une ancienne épicerie, à ceux qui ne savent pas quoi dire. Une jeune femme, Barbara, fait irruption dans leur drôle de boutique, à la recherche malencontreuse d’une bouteille de vin, avant d’aller passer une soirée chez des amis ennuyeux… et la conversation passe à trois. Une joute verbale s’engage entre les trois protagonistes aux visions différentes, autour du temps qui passe, des notions de passé, présent et futur. Chacun campe sur ses positions avec une argumentation aussi farfelue que plausible. Une pièce tout en poésie et en loufoquerie, avec des vérités insensées déclamées dans le plus grand sérieux par trois comédiens talentueux : éblouissante, Anne Girouard – l’inoubliable reine Guenièvre dans la série culte Kaamelott -, attendrissant Vincent Debost qui joue les naïfs à merveille et Luc Tremblais, irrésistible et inventif, aux répliques qui s’entrechoquent dans un vertigineux non-sens. « C’est malin et drôle, grave aussi, merveilleusement interprété par Anne Girouard, Vincent Debost et Luc Tremblais qui tournent dans la boucle du temps en attendant la mort. “Le premier qui est mort il ne saura jamais ce qui lui est arrivé. C’est ça le petit reproche que je ferais à la mort.” Aucun reproche, même petit, à faire à ce spectacle irrésistible et à ses trois comédiens. »
Le Journal du Dimanche « C’est plus qu’insolite. C’est un peu surréaliste. C’est complètement farfelu. On est dans une boutique. Deux hommes philosophent : tout a été dit et ils viennent trop tard… Mais non ! L’un d’eux s’est trouvé un métier : il compose des conversations neuves. Ici, l’originalité va évidemment jusqu’à la déraison. Et ces conversations prêtes à l’emploi trouvent preneurs. Mais voici que surgit une jeune femme qui veut acheter une bouteille de vin à offrir à des amis qui l’ont invitée à dîner. Tout se complique et on bascule franchement dans un absurde illuminé de rires. Une pépite à savourer ! »
Le Figaro 

Une exposition de photographies
emblématiques de Roger Pic

Pendant toute la durée du festival, le Conservatoire des Ocres expose une trentaine de clichés emblématiques du célèbre photographe-reporter, Roger Pic, certains ont fait le tour du monde. Ils invitent les visiteurs à rencontrer Beckett, à découvrir ou à revoir les célèbres comédiens qui ont porté sur scène ses pièces, depuis leur création originelle par Roger Blin.

 

La Maison Samuel Beckett bénéficie du soutien de la Mairie de Roussillon et de la Communauté de Communes Pays d’Apt Luberon et du soutien de Saint-Gobain research Provence.

festivalbeckett.roussillon@gmail.com

festivalsamuelbeckett.wordpress.com

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Impression
dimanche18juilletbis
Sergevalettibis
lecture d'Olgabis
O Grumbergbis
dominique Valadiébis
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Pièce théâtrebishommmage à Jacques Frantz   par Gilles Costaz sur WebThéâtre le 21 mars 2021

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